L’UNESCO publie son rapport sur les politiques culturelles
C’est inédit. L’UNESCO publie cette année son premier rapport mondial sur les politiques culturelles. Le périmètre de ce rapport est forcément circonscrit. Il n’est pas le fruit d’un travail de recherche, ni d’une grande enquête mondiale qui viendrait dire de quoi la culture est le nom partout dans le monde. Il analyse des documents produits par 196 États entre 2019 et 2024, éclairés d’une riche bibliographie.
Plus qu’un rapport, ce document est sans doute un plaidoyer : pour que la culture soit faite mère des politiques publiques au regard des co-bénéfices qu’elle suscite et de sa contribution aux 17 « ODD » (Objectifs de Développement Durable) de l’ONU. Les six chapitres du rapport balaient la question des droits culturels, du numérique, de l’éducation culturelle et artistique, des industries culturelles et créatives, du climat et enfin la protection des artistes ; constats, exemples et recommandations rythment l’ensemble.
Au final, l’UNESCO ne se contente pas d’évaluer : elle propose une vision stratégique. Le rapport appelle à faire de la culture un objectif indépendant dans l’agenda post-2030 des Nations unies, afin de garantir les ressources, les cadres et les indicateurs nécessaires pour valoriser son rôle social, économique et environnemental.
« Dans toutes les régions, la culture est reconnue comme la pierre angulaire des sociétés inclusives et démocratiques. »
C’est six chapitres sont ici repris en six infos pour poser les premiers points d’une nouvelle carte mentale des continents :
1. Restitution des biens culturels : un mouvement mondial en accélération
Le cas emblématique du Bénin
Le long processus de restitution des biens culturels progresse à travers la planète. Le Bénin en constitue un exemple majeur, illustrant une dynamique globale de réparation, de justice patrimoniale et de réappropriation culturelle par les pays d’origine.
2. Souveraineté numérique et données culturelles des peuples autochtones
Te Mana Raraunga en Nouvelle-Zélande
En Nouvelle-Zélande, l’initiative Te Mana Raraunga œuvre pour garantir la souveraineté des données des communautés maories. Elle vise à protéger, gérer et valoriser les données culturelles, sociales et numériques dans une logique de justice et d’autodétermination.
3. Éducation et patrimoine : des solutions innovantes dans les zones isolées
L’instruction radiophonique interactive au Pakistan
Au Pakistan, l’instruction radiophonique interactive se développe dans les zones reculées pour améliorer l’accès à l’éducation. Ce dispositif innovant s’appuie sur les patrimoines matériels et immatériels nationaux, renforçant la transmission des savoirs et l’inclusion culturelle.
4. Tourisme durable et patrimoine : l’exemple vertueux de la Thaïlande
Doi Tung, un modèle qui allie biodiversité, économie et culture
En Thaïlande, la région de Doi Tung incarne une politique culturelle et environnementale exemplaire. Le territoire combine biodiversité, patrimoine culturel et tourisme durable, dans une stratégie d’investissement à impactscréatrice de valeur sociale et environnementale.
5. Art engagé et environnement : une fresque monumentale à São Paulo
L’œuvre de Mundano, faite de cendres de l’Amazonie
À São Paulo, à l’automne 2024, l’artiste Mundano a réalisé une fresque géante composée de cendres issues des incendies en Amazonie et de boues transportées par le Rio Grande do Sul. Une création manifeste qui alerte sur les urgences climatiques et environnementales contemporaines.
6. Patrimoine en temps de guerre : cartographier les dégâts pour reconstruire
HeMo, un outil stratégique en Ukraine
En Ukraine, le projet HeMo (Heritage Monitoring for Recovery) documente et cartographie les dommages causés au patrimoine culturel par la guerre. Cet outil numérique essentiel facilite la protection, la planification de la reconstruction et la mobilisation internationale.
R. A.


